20
Ma relation du futur lointain

 

 

Au deuxième jour de notre vol, Nebogipfel me demanda une fois de plus de lui relater mon premier voyage dans le futur.

— Vous avez réussi à reprendre votre véhicule aux Morlocks, me souffla-t-il. Et vous avez poursuivi votre course dans l’avenir de cette autre Histoire…

— Longtemps je me suis contenté de rester accroché à ma machine, me souvins-je, tout comme je m’agrippe à ces barres, sans me soucier de ma destination. À la fin, je me forçai à regarder mes indicateurs chronométriques et je découvris que les aiguilles se déplaçaient, avec une rapidité énorme, toujours plus avant dans le futur.

« N’oubliez-pas, lui dis-je, que dans cette autre Histoire ni l’inclinaison de l’axe de la Terre ni sa rotation n’avaient été modifiées. Le jour et la nuit battaient comme des ailes au-dessus de la Terre et la trajectoire solaire s’infléchissait encore entre ses solstices tandis que les saisons s’estompaient. Mais, peu à peu, je pris conscience d’un changement : en dépit de mon inflexible vélocité dans le temps, le scintillement de la nuit et du jour réapparut et devint plus prononcé.

— La rotation terrestre se ralentissait, commenta Nebogipfel.

— Oui. Finalement, les journées s’étalaient sur des siècles. Le Soleil était devenu un dôme, énorme et courroucé, rougeoyant d’une chaleur amoindrie. Son éclat se ravivait par intermittence dans des spasmes qui évoquaient son ancienne splendeur. Mais il retrouvait à chaque fois sa morose teinte cramoisie.

« Je commençai à freiner ma chute dans le temps…

« Lorsque je m’arrêtai, ce fut dans le genre de paysage dont j’avais toujours imaginé qu’il régnât sur Mars. Énorme, immobile, le Soleil pesait sur l’horizon ; dans l’autre moitié du ciel, des étoiles luisaient encore, comme des ossements. Les rochers qui parsemaient le terrain étaient d’un rouge virulent et couverts de taches d’un vert intense, comme autant de lichens, sur leurs versants exposés à l’ouest.

« Mon véhicule était posé sur une plage descendant en pente douce vers une mer si tranquille qu’elle eût pu être figée dans une gangue de verre. L’air était froid et raréfié ; j’avais l’impression d’être immobilisé au sommet de quelque lointaine montagne. Il ne subsistait pas grand-chose de la topographie familière de la vallée de la Tamise ; je présumai que le rabotage des glaciations et la lente respiration des océans avaient dû oblitérer toute trace du paysage que j’avais connu, et toute trace de l’Humanité…

Nebogipfel et moi flottions au milieu du vide tandis que je lui faisais à voix basse ma relation du futur lointain. Dans ce calme de notre étincelante capsule, je redécouvris des détails dont je n’avais peut-être pas parlé devant mes amis à Richmond.

— Je vis un être qui ressemblait à un kangourou, me souvins-je. L’animal avait peut-être trois pieds de haut… il était trapu, les membres massifs et les épaules arrondies. Il traversait par bonds la plage – dont l’aspect désolé me reste en mémoire –, sa fourrure grise était emmêlée et il grattait sans force les rochers, manifestement pour en détacher les poignées de lichens qui constitueraient sa maigre pitance. Il me donnait l’impression d’être fortement dégénéré. Je fus alors surpris de constater que la créature avait cinq doigts malingres aux pattes antérieures et postérieures… Et qu’elle avait un front proéminent et des yeux qui regardaient droit devant eux. Ses vestiges d’humanité étaient du plus désagréable effet !

« Soudain je sentis quelque chose me toucher l’oreille, comme un cheveu qui m’aurait caressé – et je me retournai sur ma selle.

« Il y avait une créature juste derrière le véhicule. C’était une sorte de mille-pattes, songeai-je, mais de dimensions gigantesques : trois ou quatre pieds de diamètre, environ trente pieds de longueur, le corps segmenté avec des plaques chitineuses écarlates qui frottaient les unes contre les autres lorsque le monstre avançait. Des cils humides, d’un pied de long, battaient l’air ; et c’était l’un d’eux qui m’avait touché. La bête leva alors le moignon qui lui tenait lieu de tête, ouvrit sa gueule toute grande et agita ses mandibules humides ; ses yeux disposés en hexagone pivotèrent pour se fixer sur moi.

« Je touchai mon levier et m’éclipsai dans le temps, loin de ce monstre.

« J’émergeai sur la même plage désolée, mais je vis à présent un essaim de ces mille-pattes qui se bousculaient et s’entassaient les uns sur les autres, entrechoquant leurs carapaces. Ils rampaient sur leurs pattes innombrables et avançaient en se tortillant. Au milieu de cet essaim, j’aperçus un monticule sanglant, de faible hauteur, et je songeai au triste kangourou que j’avais précédemment observé.

« Je ne pus supporter le spectacle de cette boucherie ! J’appuyai sur les manettes et avançai d’un million d’années.

« Cette plage atroce persistait encore. C’est alors que, me détournant de la mer, je vis, tout en haut de la pente stérile derrière moi, une sorte de papillon géant qui chatoyait en voletant dans le ciel. Son torse aurait pu être mince comme celui d’une femme de petite taille et ses ailes, pâles et translucides, étaient démesurées. Sa voix était lugubre – humaine jusqu’à en être irréelle – et un profond désarroi accapara mon âme.

« Je remarquai alors un mouvement transversal dans le paysage non loin de moi, comme si un affleurement rocheux d’un rouge martien avançait vers moi dans le sable. C’était une sorte de crabe : une chose de la taille d’un sofa dont les pattes multiples se frayaient un chemin sur la plage, avec des yeux – d’un rouge grisâtre mais anthropomorphes – montés sur des tiges et qui s’agitaient dans ma direction. Sa bouche aussi complexe qu’une pièce mécanique tressautait et dardait sa langue et sa coque métallique était tachée du vert du patient lichen.

« Tandis que le papillon, fragile et disgracieux, planait au-dessus de moi, la créature en forme de crabe brandit sa pince massive dans sa direction. Elle manqua son but, mais je pense avoir vu des lambeaux d’une chair pâle incrustés dans ce redoutable godet.

« Comme j’ai depuis lors réfléchi à cette scène, cette amère appréhension s’est confirmée dans mon esprit. Car il me semble que cette configuration impliquant un prédateur trapu et une proie fragile ait pu résulter de la relation entre Morlocks et Éloï que j’avais auparavant observée.

« Mais l’apparence physique avait démesurément évolué : des mille-pattes, ensuite des crabes…

« Tout au long de déserts temporels d’une pareille magnitude, insistai-je, la pression évolutive est telle que les formes des espèces deviennent parfaitement plastiques – ainsi que nous l’enseigne Darwin –, et la régression zoologique est une force dynamique. N’oubliez pas que vous et moi – ainsi que les Éloï et Morlocks – ne sommes tous, quand on prend le recul adéquat, que des cousins à l’intérieur de la même famille de poissons qui vivaient dans la boue.

Peut-être l’espèce des Éloï avait-elle gagné les airs dans une tentative désespérée pour échapper aux Morlocks ; et ces prédateurs avaient émergé de leurs cavernes, abandonnant enfin toute simulation d’invention mécanique, et rampaient à présent sur ces plages glaciales dans l’attente qu’un Éloï-papillon s’épuise et tombe du ciel. Ainsi cet ancestral conflit, enraciné dans la décadence sociale, s’était-il enfin réduit à ses principes bassement matériels.

Je repris mon récit :

— Je continuai mon voyage dans le futur par bonds d’un millénaire. Cette foule de crustacés rampait encore sur les plaques de lichen et les rochers. Le Soleil grossissait en perdant de son éclat.

« Je fis mon ultime halte à trente millions d’années dans le futur ; le Soleil était devenu un dôme qui occultait un vaste secteur du ciel. La neige tombait, dure et impitoyable, mêlée de pluie. Je grelottais et étais forcé de serrer mes mains sous mes aisselles. Je distinguais de la neige au sommet des collines, pâle sous la clarté stellaire, et d’énormes icebergs dérivaient sur la mer éternelle.

« Les crabes avaient disparu, mais le vert vivace des tapis de lichens persistait. Dans la mer, sur un haut-fond, je crus voir un objet noir tressauter avec un semblant de vie.

« Une éclipse, causée par le passage sur le disque solaire de quelque planète inférieure, précipitait à présent une ombre sur la Terre. Nebogipfel, vous eussiez peut-être été à l’aise là-bas, mais je fus saisi d’une horreur sans nom et descendis de mon véhicule pour me remettre. Alors, à l’instant où le premier arc de soleil cramoisi réapparut dans le ciel, je vis que la chose sur le haut-fond bougeait pour de bon. C’était une boule de chair, une sorte de tête privée de corps, d’environ trois pieds de diamètre, avec deux grappes de tentacules qui pendaient comme des doigts dans l’eau. L’être avait un bec à la place d’une bouche et n’avait pas de nez. Ses deux yeux – énormes et sombres – semblaient humains…

Alors même que je décrivais cette apparition au patient Nebogipfel, je reconnus la similarité entre cette vision du futur et l’étrange accompagnateur de ma toute dernière expédition transtemporelle – l’être flottant dans une lueur verdâtre que j’avais baptisé le « Veilleur ». Je me tus. Se pouvait-il, songeai-je, que mon Veilleur ne fut qu’une apparition venue de la fin du temps lui-même ?

— Donc, repris-je enfin, je me hissai une fois de plus à bord de mon engin, car j’avais grand-peur de mourir abandonné dans ce terrible froid, et je retournai dans mon siècle d’origine.

Je continuai ainsi à voix basse ; les yeux globuleux de Nebogipfel étaient fixés sur moi et je vis clignoter dans son regard les lueurs résiduelles de la curiosité et de l’étonnement qui caractérisent l’espèce humaine.

 

Ces quelques jours dans l’espace ne semblent avoir guère de rapports avec le reste de ma vie ; parfois, la période que j’ai passée à flotter dans ce compartiment est comme une pause momentanée, une fraction de seconde dans le cours de mon existence, et, à d’autres moments, j’ai le sentiment d’avoir passé une éternité dans la capsule à dériver entre les mondes. J’avais l’impression de m’être détaché de ma vie et de pouvoir la considérer de l’extérieur, comme un roman inachevé. Je me revoyais alors, encore jeune, bricolant avec mes expériences, mes machines et des monceaux de plattnérite, négligeant les occasions de fréquenter la société de mes semblables et d’apprendre la vie, l’amour, la politique et l’art – négligeant même le sommeil ! – dans ma quête de l’inaccessible perfection de l’entendement. Je supposai même que je vis ma propre personne après l’achèvement de ce voyage interplanétaire, avec mon projet de tromper les Morlocks et de m’échapper pour regagner mon ère d’origine. J’avais encore pleinement l’intention de mettre ce plan à exécution – il faut me comprendre –, mais c’était comme si j’observais les actions d’un autre, de moindre stature que moi.

Je finis par apercevoir que j’étais en train de devenir une créature extérieure non seulement au monde de ma naissance mais à tous les mondes et à l’Espace-Temps lui-même. Qu’allais-je devenir dans mon propre futur si ce n’était un grain de conscience ballotté par les Vents du Temps ?

Ce ne fut que lorsque la Terre se rapprocha sensiblement – ombre plus sombre tranchant sur le vide, dans laquelle la clarté stellaire se réfléchissait sur le ventre de l’océan – que je me sentis ramené aux préoccupations ordinaires de l’Humanité ; une fois de plus, les détails de mes projets – et mes espoirs et craintes quant à l’avenir – entamèrent dans les rouages de mon cerveau une ronde qui perdure encore.

Je n’ai jamais oublié ce bref interlude interplanétaire, et parfois – lorsque je flotte entre la veille et le sommeil – j’imagine que je dérive à nouveau entre la Sphère et la Terre, avec un Morlock patient pour unique compagnie.

Nebogipfel médita sur ma vision du futur lointain.

— Vous dites que vous avez parcouru trente millions d’années.

— Sinon plus, répliquai-je. Je peux peut-être me souvenir plus précisément de la chronologie, si cela vous…

Il repoussa ma suggestion d’un geste de la main.

— Il y a un problème. Votre description de l’évolution du Soleil est plausible, mais sa destruction, à ce que nous dit notre science, devrait durer des milliards d’années et non quelques dizaines de millions.

Je me sentis sur la défensive.

— Je vous ai fait une relation sincère et précise de ce que j’ai vu.

— Je n’en doute pas, dit Nebogipfel. Mais la seule conclusion possible est que dans cette autre Histoire, comme dans la mienne, l’évolution du Soleil ne s’est pas déroulée sans intervention extérieure.

— Vous voulez dire que…

— Je veux dire qu’il a dû y avoir une tentative maladroite pour modifier l’intensité du Soleil, ou sa longévité, voire peut-être pour extraire de l’astre des matériaux habitables, comme nous l’avons fait.

L’hypothèse de Nebogipfel était que l’évolution de l’Humanité dans cette triste Histoire perdue ne se limitait pas aux Éloï et aux Morlocks que j’avais connus. Peut-être, supposait Nebogipfel, une race d’ingénieurs avait-elle quitté la Terre et essayé de modifier le Soleil, à l’instar des propres ancêtres de Nebogipfel.

— Mais cette tentative a échoué, dis-je, consterné.

— Oui. Les ingénieurs ne sont jamais revenus sur la Terre, qui fut alors livrée à la lente tragédie des Éloï et des Morlocks. Et le Soleil, rendu instable, vit sa longévité abrégée.

Horrifié, je ne pus supporter de continuer à parler de ce sujet. Je m’agrippai à un pilier et me réfugiai dans mes pensées.

Je songeai une fois de plus à cette plage désolée, à ces formes hideuses, dégénérées, à leurs vestiges d’humanité et à leur totale absence d’intellect. Cette vision était déjà assez repoussante lorsque je l’avais considérée comme la victoire finale des inexorables pressions de l’évolution et de la régression sur le rêve humain d’un Intellect omnipotent. Or je voyais à présent que c’était peut-être l’Humanité elle-même, dans son ambition démesurée, qui avait rompu l’équilibre entre ces forces opposées et précipité ainsi sa propre destruction.

 

Notre capture par la Terre fut une opération complexe. Nous dûmes perdre quelques millions de milles par heure afin de nous régler sur la vitesse orbitale de la Terre autour du Soleil.

Nous passâmes plusieurs fois autour de la planète en décrivant des boucles de plus en plus serrées ; Nebogipfel m’informa que la capsule allait être couplée aux champs gravitationnel et magnétique terrestres, accouplement facilité par certains matériaux de la coque et par la manipulation de satellites : des lunes artificielles qui tournaient autour de la Terre et compensaient ses effets naturels. Essentiellement, à ce que je compris, nous échangions notre vitesse contre celle de la Terre, laquelle tournerait alors pour l’éternité autour du Soleil sur une orbite légèrement plus excentrée et légèrement plus rapide.

Je m’approchai de la paroi de la capsule et regardai se dérouler le paysage obscurci de la Terre. J’apercevais ici et là le rougeoiement des puits de chauffage morlock les plus importants. Je remarquai plusieurs tours immenses et effilées qui semblaient dépasser de l’atmosphère elle-même. Nebogipfel m’apprit que ces tours étaient utilisées pour des capsules quittant la Terre à destination de la Sphère.

Je vis des points lumineux progresser lentement le long de ces tours : c’étaient des capsules interplanétaires contenant des Morlocks qui allaient être transportés dans leur Sphère. C’était au moyen d’une tour semblable, compris-je, qu’on m’avait, encore inconscient, lancé dans l’espace et acheminé jusqu’à la Sphère. Les tours étaient des ascenseurs pour sortir de l’atmosphère, et une série de manœuvres d’accouplement similaires aux nôtres – mais effectuées à l’envers, si vous me suivez bien – précipitait chaque capsule dans l’espace.

La vitesse acquise par les capsules lors du lancement n’atteignait pas celle de la rotation de la Sphère ; le voyage aller prenait donc plus de temps que le retour à la Terre. Mais, à l’arrivée dans la Sphère, des champs magnétiques captureraient aisément les capsules pour les accélérer vers un rendez-vous sans heurts.

Nous plongeâmes enfin dans l’atmosphère terrestre. La coque rougeoyait sous la chaleur de la friction et la capsule tremblait – c’était la première sensation de mouvement que j’eusse éprouvée depuis des jours –, mais Nebogipfel m’avait prévenu et je me cramponnais déjà aux barres de maintien.

C’est dans ce flamboiement digne d’un météore que nous perdîmes le reliquat de notre élan interplanétaire. Non sans quelque inquiétude, j’observai le paysage obscurci qui s’étalait en dessous de nous à mesure que nous tombions – je crus voir le large ruban sinueux de la Tamise – et je commençai à me demander si, au terme d’une si longue traversée, je n’allais pas après tout être drossé contre les roches impitoyables de la Terre !

Mais alors…

Mes impressions de la phase finale de notre descente agitée sont floues et fragmentaires. Qu’il me suffise de conserver le souvenir d’un engin, sorte d’immense oiseau, qui fondit sur nous du ciel et nous engloutit en un instant dans une soute en forme d’estomac. Dans l’obscurité, je perçus une forte secousse lorsque ce vaisseau pesa contre l’air pour perdre sa vitesse ; ensuite, notre descente se poursuivit avec une extrême douceur.

Dès que je pus revoir les étoiles, il n’y avait plus trace du mécanique oiseau. Notre capsule s’était posée sur le sol desséché et sans vie de Richmond Hill, à moins d’une centaine de yards du Sphinx Blanc.

Les Vaisseaux du Temps
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